Avatar Lyon Ninkasi Kao 03/12/16

Salut,

Lyon Gerland, le Ninkasi, brasserie-resto-concert d'un quartier qui semble moribond depuis que l'OL
s'est offert un stade perso. Si vous cherchez des J7 ou des Trafics au contrôle technique douteux mais
avec des dames à la poitrine oppulente dedans, si l'urine dégoulinante de tous les murets est un présage
positif pour un bon concert de métal, vous êtes au bon endroit.
Première partie avec The Last Band. Même si je n'ai pas accroché, je ne dirai pas trop de mal de ce groupe
sincère et attachant, même si la voix est un supplice au bout de quelques minutes. Un tour sur le web et
un visionnage de leurs vidéos permet de se réconcilier avec ce style qui n'a pas su s'exprimer totalement sur
la scène du Ninkasi.

Quel autre groupe qu'Avatar pourrait se permettre de faire patienter un public extrême avec de la musette
autrichienne ou de la musique de cabaret 1930 ? Le soucis du détail est flagrant, le merch et les roadies sont
costumés en Oui Oui tyroliens ...

La lumière s'éteint, une musique d'orgue de barbarie se fait entendre, bientôt perturbées par des craquements
sinistres d'une sono qui tombe en panne! Les roadies s'activent, courent dans tous les sens et l'un d'eux met fin
au problème en tapant sur un ampli... Boum ! Un rideau tubulaire tombe et Johannes apparait, immobile dans
la fumée, sous le thème délirant de ce titre qu'est For the Swarm. Génial, la fausse panne, comme intro de
concert. J'avais rejoint ma fille et mon fils dans les premiers rangs et j'avoue que, dès les premiers accords, ça
secoue sec dans ce Ninkasi sold out pour l'occasion.
Avec Avatar, il faut parler de spectacle et non de concert. La scène est aux couleurs rouges et oranges d'un cirque
d'une autre époque, les costumes sont travaillés et même les instruments sont magnifiquement gravés à la main.
La petite boutique des horreurs et le freak show sont les fondations d'une musique délirante et d'un show mené
de main de maître par le monsieur Loyal Tim Burtonien qu'est Johannes.
Pour avoir vu Avatar il y a trois ans, je peux affirmer que le niveau technique et scénique de ces gars a progressé
d'une manière incroyable, tout est précis, travaillé et franchement parfaitement réalisé. Oubliez l'étiquette ''death
metal mélodique'' qu'il a fallu leur coller à une époque désormais révolue, leur style est tout simplement indéfinissable, une forme de synthèse du rock depuis ses origines, présentée dans un ambiance cabaret glauque ou cirque minable. Ces mecs ne se reposent pas sur leurs lauriers, les deux tiers du dernier album sont interprétés sur cette prestation. La set list se déroule sans temps morts, chaque intermède étant pris en charge par l'un ou l'autre ou par les discours d'un Yoannès bourrés d'humour décalé et morbide. Le contraste est impressionnant quand les musiciens quittent leurs rôles d'automates et délivrent des riffs et solos impressionnants de technique. Le temps passe vite tant le spectacle  est prenant et inattendu, la fin se rapproche quand le chanteur, qui revêt pour ce titre un costume de Pierrot dépressif, chante une Fiddler's Farewel superbe de mélancolie théatrale. A la fin d'un morceau, dont j'ai oublié le titre, les musiciens se figent, tels des automates en panne. Le batteur se charge de les réveiller un à un en exhortant la foule à crier, génial comme jeu de scène non? Dernier morceau avec la berceuse Tower, titre peu interprété sur cette tournée et qui me touche particulièrement car mon petit fils de deux ans le chante en jouant aux Duplos.

Le monde d'Avatar est réservé aux initiés et le chanteur maquillé a bien voulu que LyonNE puisse pénétrer, l'espace
d'un concert, cet univers étrange et inquiétant... Pour moi, leur approche est l'avenir de la musique metal, pas d'eternel revival du stoner, pas de new-metalisation de tout ce qui bouge, pas d'enième copie de groupe phare, juste des idées, de l'intelligence musicale, un grand sens du spectacle et beaucoup de travail. J'admire le fait qu'Avatar ait créé un album pour le faire vivre scéniquement plutôt qu'en faire un simple alibi de tournée.
Yohannes l'a dit avec l'humour d'un clown psychopathe, ''Quand j'ai vu que le show était sold out, j'ai décidé que j'aimais bien Lyon. Quand j'ai vu vu les gens dans le public, j'ai décidé que j'aimais Lyon. Quand j'ai vu comment se déroulait le concert, j'ai décidé que Lyon était à moi! ''
Pour ma part, je les revois avec plaisir  au Hellfest !

A+,

Rico